DEPUIS DES SEMAINES, dans tous les médias, les membres du gouvernement et les député·es de la Macronie se répandent sur le supposé gouffre financier de notre système de retraite et les dangers que celui-ci représenterait. Ce refrain est repris en chœur par la plupart des représentants de LR et nombre de commentateurs « avisés ». Or, cette campagne malhonnête est contredite par beaucoup d’indicateurs économiques. Elle est battue en brèche quand, contrairement aux libéraux, on accepte d’actionner certains leviers. C’est notamment le cas pour la Fonction publique.
La réforme des retraites est-elle vraiment indispensable comme ne cesse d’argumenter le gouvernement ? En réalité, il n’ y a aucune urgence à réformer le système de retraites qui est pour le moment en excédent et dont le déficit à venir serait relativement faible et passager.
La CGT a été reçue jeudi 4 janvier par le ministre de la Transformation et de la Fonction publique concernant le dossier des retraites. Sans évidemment dévoiler les arbitrages généraux à venir sur l’âge légal et la durée de cotisation, le ministre Guerini a confirmé que la réforme sera fondée sur une logique d’allongement de la durée de carrière, qui s’appliquera pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs du public et du privé. Il a réaffirmé que les principes structurels de la catégorie active et la règle des 6 derniers mois pour le calcul des pensions ne seront pas impactés. Lire la suite sur le document ci-contre...
Grâce aux mobilisations de décembre 2019 et janvier 2020, E. Macron n’a pas pu aller au bout de sa réforme des retraites visant à la mise en place d’un système à point. Il n’abandonne pas et revient avec une réforme paramétrique mais dont la finalité reste identique pour les travailleur·ses: travailler plus pour gagner moins… Comme en 2019, Il n’y a pas d’urgence à réformer. le gouvernement ne peut toujours pas défendre une réforme en expliquant qu’elle viendrait sauver un système en déficit car comme en 2019, il n’y a pas de problématique de financement à court et moyen terme selon toutes les projections existantes du Conseil d’orientation des retraites (COR).
Le report de l’âge légal de départ à la retraite est comme une vieille rengaine qui nous reste dans les oreilles et nous empêche de réfléchir à la question. Il faut réformer les retraites parce que nous vivons plus vieux, parce que le financement du régime n'est pas assuré ou parce que les régimes spéciaux coûtent chers. Les détracteurs du régime de retraite interprofessionnelle ne cessent d’alerter sur son instabilité potentielle et offrent une seule solution aujourd'hui : le report de l’âge légal de la retraite à 65 ans.
Pour la CGT, cette proposition, au-delà d'être inadmissible et infondée, constitue une attaque en règle contre la Sécurité sociale.
Pour la CGT, il s’agit de réaffirmer, à l’instar de 70% des Français interrogés dernièrement, une opposition contre l'augmentation de l'âge légal de départ à la retraite, mais aussi la défense d'une retraite à 60 ans pour toutes et tous avec un revenu de remplacement qui permet de vivre dignement.
Cet objectif est atteignable. Le financement fondé sur le salaire socialisé est viable et s’inscrit dans une logique de progrès social, à hauteur des besoins, prenant en compte la réalité de la pénibilité du travail et de ses conséquences sur la santé des travailleurs.
Les leçons à tirer de la pandémie sont à portée de chacun. Depuis le début de la crise sanitaire, des milliards d’euros ont été débloqués pour soutenir l’économie et principalement les entreprises. Elle a aussi révélé la nécessité d’augmenter les salaires, l’importance des cotisations sociales et le niveau trop élevé de leurs exonérations, l’importance de faire disparaître les inégalités entre les femmes et les hommes, ainsi que de développer plus d’emplois en CDI ou sous statut.
Voici les éléments essentiels pour revenir sur les réformes régressives mises en place depuis 1993, en restaurant le calcul des pensions sur les 10 meilleures années dans le privé et en supprimant les décotes liées à la réforme Touraine, afin de véritablement permettre un départ à 60 ans à taux plein.
C’est en 1988 que Philippe Seguin a décidé le décrochage des pensions de retraite du régime général par rapport au salaire moyen avec l’indexation des pensions de retraite de la Cnav sur l’indice des prix. Balladur en 1993 a allongé la durée de cotisations et a modifié le calcul (25 meilleures années au lieu de 10). Si Juppé en 1995 avait dû abandonner sa réforme, en 2003 Fillon a aligné la quasi-totalité des régimes de retraite sur la revalorisation en fonction de l’évolution des prix.
Voilà le retour des annonces gouvernementales avec, en tête, les déclarations d’Emmanuel Macron sur la question des retraites. La crise sanitaire terminée ou pas, il anticipe pourtant sur les économies qu’il voudrait faire sur le dos des actifs et des retraités. Ainsi, si sa réforme à points version 2020 paraît définitivement hors-jeu, la question de l’équilibre financier du système donc de nouvelles régressions réapparaît et le président de la République prépare le terrain pour les annonces qu’il envisage durant l’été. Au menu, il pourrait être question d’augmenter la durée d’années de travail, notamment par une hausse de la durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein et le report de l’âge réel voire légal de départ en retraite à 64 ans.
Le patronat, soutenu par tous les gouvernements successifs, ne cesse de s’attaquer aux conquis issus du Conseil National de la Résistance (CNR) et au programme basé sur « un plan complet de
sécurité sociale visant à assurer à tou.te.s les citoyen.ne.s des moyens d’existence dans tous les cas où ils seraient incapables de se les procurer par le travail, avec la gestion appartenant
aux représentants des assurés et de l’État… Une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours » et la Loi dite de « généralisation de la Sécurité sociale » du 26 mai
1946 qui en a découlé.
Les attaques constantes contre la Sécurité sociale n’ont alors jamais cessé et le système de retraite par répartition a subi des modifications conséquentes depuis 1993, entre augmentation des
taux et allongement des durées de cotisation et de l’âge requis pour cesser toute activité salariée.
Toujours dans l’optique de transformer notre société en supprimant les principes de solidarité, le projet gouvernemental vise à faire passer l’ensemble des régimes de retraite existants sur un
seul système par points, un régime unique individuel !
Supprimer ces principes entrainera inéluctablement une grande majorité de la population vers un avenir des plus incertains, la paupérisation des futurs retraités ne fera que s’accroître.
Ce système de retraite s’inscrit dans un projet de société construit sur le modèle libéral :
- il met en place un mécanisme purement gestionnaire et comptable de la retraite,
- il est destiné à faire des économies sur le dos des salariés, malgré ce que martèle le gouvernement, en accélérant la baisse de leur pension, et en reculant l’âge d’accès à une retraite pleine
et entière, avec un âge réel de la retraite à 64 ans, voire 65 ans.
Les points acquis pendant la vie professionnelle ne garantiront pas un niveau de pension suffisant. La valeur du point au moment de la retraite sera tributaire de la conjoncture économique, de
l’équilibre budgétaire, de l’espérance de vie par génération.
Le retraité partant à l’âge légal de 62 ans, même avec une carrière complète, n’aura pas les moyens de vivre dignement sa retraite. Le libre choix dans ces conditions est un leurre.
Aujourd’hui, la retraite des fonctionnaires est calculée à partir du même montant pour tous les agents ayant le même grade et le même échelon et sur les 6 derniers mois de leur carrière. Demain,
avec le système universel de retraite par points, ce serait le salaire moyen de l’ensemble de la carrière qui serait pris en compte : les mauvaises années vont être comptabilisées (les plus
petits salaires de la carrière, le temps partiel subi, les périodes de chômage ou de précarité…), ce qui conduira forcément à une chute des pensions et à une double peine pour les femmes, les
malades ou invalides, les jeunes précaires ou les privés d’emploi.
En supprimant les 42 régimes de base et complémentaires existants, qui prennent en compte toutes les spécificités professionnelles et réparent les inégalités ou les contraintes particulières des
différents métiers, c’est l’ensemble des dispositifs de départs anticipés (carrières longues, pénibilité, handicap, amiante…) qui seront beaucoup moins favorables.
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