C’est en 1988 que Philippe Seguin a décidé le décrochage des pensions de retraite du régime général par rapport au salaire moyen avec l’indexation des pensions de retraite de la Cnav sur l’indice des prix. Balladur en 1993 a allongé la durée de cotisations et a modifié le calcul (25 meilleures années au lieu de 10). Si Juppé en 1995 avait dû abandonner sa réforme, en 2003 Fillon a aligné la quasi-totalité des régimes de retraite sur la revalorisation en fonction de l’évolution des prix.
Voilà le retour des annonces gouvernementales avec, en tête, les déclarations d’Emmanuel Macron sur la question des retraites. La crise sanitaire terminée ou pas, il anticipe pourtant sur les économies qu’il voudrait faire sur le dos des actifs et des retraités. Ainsi, si sa réforme à points version 2020 paraît définitivement hors-jeu, la question de l’équilibre financier du système donc de nouvelles régressions réapparaît et le président de la République prépare le terrain pour les annonces qu’il envisage durant l’été. Au menu, il pourrait être question d’augmenter la durée d’années de travail, notamment par une hausse de la durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein et le report de l’âge réel voire légal de départ en retraite à 64 ans.
"La CGT reste extrêmement vigilante et ne souhaite pas qu'on remette sur la table des ajustements que paieraient les actifs ou les retraités", a affirmé sur franceinfo Catherine Perret, la
secrétaire confédérale de la CGT chargée des retraites et de la protection sociale, jeudi 3 juin. Un peu plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron avait estimé que cette très controversée réforme
des retraites ne pouvait pas "être reprise en l'état", après sa suspension en mars 2020 au début de la pandémie de Covid-19.
franceinfo : Comment interprétez-vous cette déclaration d'Emmanuel Macron ?
Catherine Perret : Je pense que la réforme des retraites à points est morte et enterrée, et ça, le président de la République l'a bien compris. La mobilisation a été forte en 2019-2020. Je
rappelle quand même que deux tiers des Français étaient contre cette réforme, parce qu'ils avaient bien compris que c'était destiné à faire baisser les pensions. Par là-dessus, il y a eu la
pandémie et le Covid-19 et qu'il n'est pas question pour le président de la République de pouvoir remettre sur la table cette réforme qui était injuste pour tout le monde, pour tous les Français,
pour les plus fragiles, ceux qui, justement, ont subi de plein fouet la crise sanitaire, qui se sont retrouvés, par exemple, au chômage partiel.
Si cette réforme à points était passée pendant la pandémie et qu'elle avait été effective, cela aurait mis en difficulté tous ces gens qui ont été condamnés pendant des mois à être au chômage
partiel ou bien qui ont perdu leur emploi ou qui vont perdre leur emploi dans les semaines qui viennent. Donc, pour moi, la réforme à points est enterrée. Maintenant, nous avons bien écouté ce
qu'a dit le président de la République, cela ne veut pas dire qu'ils ne vont pas chercher à nouveau à essayer de faire des économies autrement. C'est pour ça que la CGT est extrêmement vigilante
et ne souhaite pas, évidemment, qu'on remette sur la table des ajustements que paieraient les actifs ou les retraités, parce que l'un des plus grands dangers, c'est de faire payer notamment les
retraités actuels.
Emmanuel Macron a parlé de rencontre avec des syndicats notamment. Y a-t-il un nouvel agenda de réformes sociales ?
Non, il n'y a pas d'agenda. Et d'ailleurs, l'agenda qui était est prévu l'année dernière a été complètement annulé. L'ensemble des organisations syndicales avait dit à Emmanuel Macron et à Jean
Castex qu'il n'était pas question qu'on rouvre le dossier retraites en 2021, pas plus qu'en 2022. Donc, il n'y a pas d'agenda. Il n'y a pas d'ordre du jour sur la retraite avec le gouvernement.
Par contre, bien évidemment, il y a des projets de loi qui inquiètent, je pense en particulier au projet de loi concernant l'autonomie, parce qu'elle peut cacher des régressions en partie sur les
retraites. Et puis va s'ouvrir une négociation sur la retraite complémentaire qui est inquiétante aussi, parce que le patronat peut être dans la démarche de vouloir réduire encore les droits en
matière de retraite complémentaire.
Il y a un rapport qui vient de sortir qui est éloquent en la matière : un Français sur deux en 2019 est parti en retraite avec une décote aussi bien sur sa retraite de base que sur sa retraite
complémentaire. Il faut au contraire inverser les choses, parce que les Français ne sont pas en capacité de travailler plus longtemps, la plupart ne sont pas en emploi à l'âge légal et beaucoup,
je pense aux femmes en particulier, ont des très petites retraites avec des décotes importantes. Donc, s'il est urgent de faire quelque chose, c'est plutôt de changer complètement de cap et de
mettre de l'argent pour financer un bon système de retraite.
Demandez-vous au président de ne plus toucher aux retraites d'ici la fin de son quinquennat ?
C'est bien ça. De toute façon, je pense qu'Emmanuel Macron n'a pas le choix à quelques encablures de la présidentielle. Sa réforme des retraites est morte et enterrée, mais elle n'est pas oubliée
par contre. Les Français sauront se rappeler que ce qu'il a proposé, c'est une réforme qui était destinée à diminuer les pensions et à reculer l'âge de la retraite, et donc, bien évidemment, si
toutefois il avait envie de rouvrir le dossier, il trouverait la CGT face à lui.
Au détour des débats sur le PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) – dont les sénateurs ont confirmé les orientations toutes entières tournées vers plus d’économies au détriment de la santé des citoyens – un élu républicain propose un amendement honteux sur les retraites. La majorité sénatoriale n’hésite pas, alors, samedi soir, en plein confinement, à le voter en douce ! Cet amendement introduit dans la loi de financement de la Sécurité Sociale rien de moins qu’une réforme en profondeur du système de retraites actuel. Il repousse l’âge légal de départ à la retraite dans un premier temps à 63 ans pour tout le monde dès 2025. Il introduit même une double peine puisqu’il accélère l’allongement de la durée de cotisations nécessaires pour bénéficier d’une pension à taux plein. Ainsi, avec ce projet, il faudrait cotiser 43 ans, dès la génération née en 1965.
C’est une provocation indécente alors que plus de 800 000 jeunes, pénalisés par la crise sanitaire, ne peuvent s’insérer dans la vie active, que les licenciements dans les entreprises se succèdent, que le chômage et la pauvreté menacent des centaines de milliers de personnes. C’est également une proposition purement idéologique et libérale totalement inefficace alors qu’au contraire il faut maintenant réduire le temps de travail en passant aux 32 heures. Il faut, en effet, travailler toutes et tous, moins et mieux et ainsi reconnaître le droit à des départs anticipés avant 60 ans, notamment pour les métiers pénibles.
Personne ne peut oublier l’épuisement des soignants : infirmières, aides-soignantes, aides à domicile et autres salariés du commerce, du nettoyage ou du traitement des déchets... Tous ces travailleurs dont l’espérance de vie en bonne santé serait inférieure à l’âge légal de départ en retraite prévu par cet amendement parlementaire... Députés comme sénateurs, en votant les orientations gouvernementales du PLFSS, détruisent notre Sécurité sociale alors qu’elle nous protège, notamment en matière de retraite, parce qu’elle est fondée sur la richesse produite par le travail et sur la solidarité entre les professions et entre les générations.
La CGT condamne cette manœuvre sénatoriale d’autant plus honteuse qu’elle se produit en pleine crise économique et sociale. Elle exige l’abandon de toute mesure de régression en matière de retraite et que le gouvernement s’exprime clairement en annonçant l’abandon d’un projet rejeté par la majorité de la population mobilisée l’an dernier.
Adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale et suspendue mi-mars en raison de la pandémie, la réforme des retraites refait surface. Le Gouvernement s'apprête à poursuivre la réforme des retraites, suspendue à la mi-mars en raison de la crise sanitaire et adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale en dépit de forte mobilisation sociale.
Dans un courrier adressé au président du COR (Conseil d'orientation des retraites), le Premier ministre Jean Castex confirme que l’objectif d’une réforme systémique, destinée à mettre en place « un régime universel » est à l’agenda du nouveau Gouvernement. Il vient d'ailleurs de commander aux experts du COR un nouveau rapport en vue de poursuivre la réforme. Dans ce contexte de crise sanitaire et économique, ce rapport est lourd de menaces pour notre système de retraite par répartition.
De fait, le Premier ministre invite les experts à revoir leurs projections concernant la productivité du travail, à intégrer les augmentations récentes accordées aux fonctionnaires hospitaliers et à se baser sur les dernières prévisions de croissance du Gouvernement.
Après avoir laissé entendre que la réforme des retraites rejetée massivement par les Français serait « suspendue » et rangée dans un carton, Emmanuel Macron vient de confirmer qu’il n’en est rien et qu’il mènera jusqu’au bout son projet. Contrairement à ce que laisse entendre une communication trompeuse, Laurent Pietraszewski – le monsieur retraite du gouvernement – « prépare et met en oeuvre la réforme des retraites, en lien avec les ministres intéressés », comme le stipule très clairement l’article 1 du décret du 19 mai 2020 qui le nomme secrétaire d’État. Tout laisse donc à penser que ce gouvernement – embourbé dans un des plus longs conflits qu’a connu la France depuis l’après-guerre – surfe sur l’opportunité de la crise sanitaire pour changer de stratégie afin d’éviter un nouvel affrontement.
Ni juste, ni simple : voilà ce que dit la CGT depuis plus de deux ans. Les ministres eux-mêmes sont à court d’arguments pour convaincre, incapables d’expliquer ce que signifie une carrière complète. Ce que nous avons en revanche tous compris, c’est que cette réforme est d’abord budgétaire et veut nous contraindre à travailler au moins jusqu’à 65 ans, que cet âge soit appelé « pivot » ou « d’équilibre ».
Même le Conseil d’État confirme les arguments de la CGT sur de nombreux points. Le gouvernement veut donc demander au Parlement de voter une loi à plusieurs inconnues (pénibilité, âge de départ, montant des pensions, valeur du point…).
La CGT porte un autre projet, celui d’une société solidaire. Nous pensons que notre système actuel peut être amélioré pour mieux correspondre aux défis et aux réalités de temps. Il doit corriger les inégalités dont sont principalement victimes les femmes et les jeunes durant leur vie active. Ainsi, l’égalité salariale entre les femmes et les hommes est une urgence absolue. Elle permettrait de réduire les écarts de pension. Il est également urgent de prendre en compte les années d’études.
Si le gouvernement peine à trouver des ressources pour financer ces solidarités, voici quelques suggestions : augmenter les salaires pour une plus grande rentrée de cotisations sociales, revoir les exonérations de cotisations patronales notamment pour les grands groupes, taxer les produits financiers, etc.
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L'AMF exprime ses plus vives inquiétudes sur le projet de loi portant la réforme des retraites. Réunis ce jour en Bureau, les élus de l’AMF ont déploré de ne pas avoir été associés à la concertation conduite par le gouvernement depuis deux ans et demandent instamment à participer à la conférence de financement, dans le cadre de la coordination des employeurs publics territoriaux. Parce qu’ils salarient plus d’1,8 million d’agents publics, les 35 000 employeurs publics locaux ne peuvent accepter que leur représentation dans la future gouvernance se résume à une présence symbolique. La réforme proposée pose donc de nombreuses interrogations aux employeurs publics locaux. [lire la suite en cliquant l'image]
Le gouvernement s’apprête à lancer une réforme des retraites visant à remettre en cause les fondamentaux de nos régimes de retraite… Le même gouvernement porte des coups graves contre notre CNRACL… Il est indispensable de maintenir les mobilisations pour conserver un régime de retraite par répartition à prestation définies… C’est vrai pour les actives et les actifs, mais aussi pour les retraité.e.s… Notamment pour le fonds d’action sociale… Alors, dans l’action et la mobilisation !
La CGT constate que le gouvernement reste sourd aux exigences exprimées par les millions de salariés, jeunes, retraités, privés d’emploi, mobilisés massivement depuis des semaines et soutenus
majoritairement par l’opinion publique. C’est le choix du sacrifice de la jeunesse de notre pays qui est assumé par le gouvernement.
Le gouvernement non content de faire une réforme systémique annonce une modification des paramètres de départ en retraite dès l’année prochaine entrainant le recul de celui-ci. Ainsi, toutes les
classes d’âge et toutes les professions du public et du privé sont concernées par les mesures annoncées par le Premier ministre. Le gouvernement tente la division des salariés, y compris dans la
même entreprise et la même profession.
Le gouvernement ne remet pas en cause le blocage des 3 leviers de financement que sont : les 14% du PIB consacré au financement, le plafonnement à 120 000 euros annuel des salaires soumis à
cotisation et l’augmentation des recettes indispensables à l’amélioration du système actuel.
Cela dans un contexte où 6 millions de retraitables sont attendus d’ici 2042. Il apparait donc clairement que la variable d’ajustement serait la valeur du point et donc la baisse du niveau des
pensions.
Par ailleurs, le gouvernement décide d’une réforme et confie aux « partenaires sociaux » le soin de sa mise en œuvre et d’en gérer les conséquences pour l’ensemble de la population, sous le
contrôle des orientations budgétaires du gouvernement. Dès lors, ressurgissent les méthodes anti-démocratiques avec la volonté de vouloir passer par ordonnances et décrets des arbitrages
essentiels pour l’avenir de nos retraites.
Le gouvernement maintient le cap sur la suppression des 42 régimes spéciaux et particuliers tout en précisant que certains secteurs bénéficieraient d’un traitement particulier. Cette mesure est
aussi une négation de la reconnaissance de la pénibilité au travail. La CGT revendique la prise en compte de la pénibilité du travail par des départs anticipés avant 60 ans pour les
salariés du privé comme du public.
Avec ces mesures, les femmes restent les grandes perdantes de cette réforme quoi qu’en dise le Premier ministre. La CGT exige la mise en place immédiate de l’égalité salariale entre les hommes et
les femmes telle que la loi le prévoit déjà.
Ajoutons à cela, la tentative de recycler des mesures déjà existantes (minimum de pension à 85% du Smic (soit 1000 euros), pension de réversion, allocation vieillesse des parents au foyer,…)
comme des avancées sociales.
Le Premier ministre avait prévenu qu’il n’y aurait pas d’annonces magiques, le contenu de sa prise de parole le confirme.
Il y a donc nécessité à amplifier et élargir le rapport de force et ce, dès jeudi 12 décembre et mardi 17 décembre 2019.
Le 11 décembre 2019
« Le gouvernement s’est moqué du monde (…) Tout le monde va travailler plus longtemps, c’est inacceptable », a réagi Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. Dans un
communiqué (voir ci-dessus), la CGT pour qui avec ce projet nous sommes « toutes et toutes perdants » et « la jeunesse sacrifiée » ajoute : « le
gouvernement reste sourd aux exigences exprimées par les millions de salariés, jeunes, retraités, privés d'emploi, mobilisés massivement depuis des semaines et soutenus majoritairement par
l'opinion publique.».
Cela « ne peut que confirmer la nécessité de renforcer la mobilisation », a abondé Force Ouvrière qui voit dans le recul du gouvernement sur l'application de la réforme (de la
génération 1963 à 1975) « une conséquence de la mobilisation exceptionnelle » engagée le 5 décembre.
François Hommeril, président de la CFE-CGC juge lui aussi la « réforme de plus en plus dangereuse. »
La CFDT elle-même, pourtant favorable à un système à points, considère que la ligne rouge est franchie. « Il y avait une ligne rouge dans cette réforme, c’était le fait de ne pas
mélanger la nécessité d’une réforme systémique (…) et la réforme paramétrique qui demanderait aux travailleurs de travailler plus longtemps, cette ligne rouge est franchie », a réagi
Laurent Berger à l'issue de l'allocution du Premier ministre.
À quel âge vais-je pouvoir prendre ma retraite ? Avec combien ? Voici les questions que tout le monde se pose et auxquelles il faut apporter des réponses concrètes. Nous avons un des meilleurs systèmes de retraite au monde, si ce n’est le meilleur. Pourtant, le président de la République a décidé, par idéologie pure, de l’anéantir. Au nom du marché, on remet en cause le principe de solidarité qui fait la force de la protection sociale en France. Tout ce qui touche aux questions sociales, ou à la santé, est désormais considéré comme une dépense qu’il faut réduire.
Le projet présenté vise à nous faire travailler plus longtemps, avec une pension aléatoire en fonction d’une valeur de point fluctuante. C’est une gestion individualisée des retraites visant à opposer les professions entre elles. Au contraire, la CGT considère que la protection sociale, la retraite, la santé, sont des investissements qu’il faut développer. Ils sont les symboles d’un pays moderne qui protège ses citoyens de la maladie et de la misère, car si nous considérons que notre système actuel doit évoluer, il n’est pas nécessaire d’en changer les fondements. Certains sujets ont peu de liens avec la question des retraites. Ainsi, pour réduire les inégalités de pensions entre les hommes et les femmes, il faudrait d’abord que ces dernières soient payées comme les hommes durant leur activité. À ce jour, et malgré de nombreuses déclarations présidentielles, cet écart n’est pas réduit faute de mesures contraignantes pour les entreprises, notamment les plus grandes.
Les agents de la fonction publiquegrands perdants de la réforme ! |
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Les fonctionnaires ne sont pas privilégiés, le montant moyen de leur retraite est le même que celui des salariés, à qualification égale. Rien ne justifie cette réforme démagogique à
leur détriment. Sur 4 points précis, les fonctionnaires ont tout à craindre de cette réforme :
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